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Un Brexit dur… pour les Anglais

Editorial. La première ministre britannique, Theresa May, a habillé son discours du 17 janvier de manière à faire de sa défaite une victoire. Elle tire, en réalité, les conséquences du refus de ses propres exigences par l’Union européenne.

Publié le 18 janvier 2017 à 12h10, modifié le 18 janvier 2017 à 17h40 Temps de Lecture 2 min.

Theresa May lors de son discours, le 17 janvier.

Editorial du « Monde ». Ce sera donc un « hard Brexit ». Une sortie dure du Royaume-Uni de l’Union européenne. Depuis des semaines, une certaine ambiguïté régnait sur cette expression, comme si ce Brexit allait être dur pour les Européens, floués par la perfide Albion, forcément… En réalité, il n’en sera rien. La première ministre britannique, Theresa May, a largement clarifié la situation, mardi 17 janvier, dans son discours de Lancaster House. Ce sera un Brexit dur… pour les Anglais.

La conservatrice a, certes, habillé son discours de toute la fougue nationaliste qui fait d’une défaite une victoire. Elle vante son royaume voguant sur les flots de la globalisation, avec un accent churchillien et la nostalgie du Commonwealth.

En réalité, elle tire les conséquences de ses propres exigences et du front uni affiché, à sa grande surprise, par les continentaux : fidèle au vote exprimé par les électeurs britanniques, elle ne voulait accepter ni la libre circulation des citoyens – condition sine qua non de l’accès au marché unique – ni reconnaître l’autorité de la Cour de justice européenne, et encore moins financer les politiques européennes.

Un statut moins favorable que la Turquie

Les Européens n’ont pas cédé. Mme May a été humiliée au Conseil européen de décembre 2016 à Bruxelles, incapable d’obtenir une pré-garantie pour les Britanniques installés sur le Vieux Continent et les Européens installés à la City.

Elle va sortir non seulement du marché unique (qui permet aux biens de circuler librement) mais aussi de l’union douanière (qui fixe un tarif extérieur commun) pour pouvoir signer seule des accords douaniers, par exemple avec les Etats-Unis. Le Royaume-Uni aura un statut moins favorable que la Turquie, laquelle est en union douanière avec l’UE.

On se retrouve pourtant dans un curieux quiproquo : les Brexiters et la presse britannique se réjouissent des mots de Mme May, sans voir les turbulences écossaises et irlandaises à venir, tandis que les négociateurs continentaux célèbrent la capitulation des Britanniques.

Le temps joue contre Theresa May

Comment expliquer ce décalage ? En réalité, les uns s’accrochent à toutes les conditions favorables que leur premier ministre prétend négocier : un traité de libre-échange sans droits de douane, un accès de la City et du secteur automobile à l’UE, des garanties pour les citoyens britanniques résidant sur le continent. Les Européens, même s’ils souffrent du Brexit, doivent rester fermes sur leur position : il est hors de question d’accorder à Londres un statut plus favorable qu’à n’importe quel pays membre de l’UE.

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Theresa May a cru utile d’assortir ses exigences d’une menace : « Soyons clairs, pas d’accord vaut mieux qu’un mauvais accord pour la Grande-Bretagne. » Chiche ! En réalité, le temps joue contre elle, et c’est ce qui réjouit les Européens qui se concentrent sur la méthode de négociation.

Une fois l’article 50 activé, en mars, son pays pourra être bouté hors de l’UE dans un délai de deux ans. Ce saut dans le vide serait une catastrophe pour le Royaume-Uni, qui aurait le même statut que n’importe quel pays de l’OMC. Theresa May le sait, son pays a perdu la main.

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